African Forum for Agricultural Advisory Services

36 ans d’expĂ©rience dans les services de vulgarisation et de conseil agricoles (SVCA)

C’est l’histoire de Mme Mary Kamau qui a 36 ans d’expĂ©rience au SVCA et qui a vĂ©cu des expĂ©riences très diverses en tant que directrice de la vulgarisation et de la formation au Kenya et prĂ©sidente du forum des services de conseil agricole en afrique (SVCA). Aujourd’hui, elle est toujours active en tant que membre du conseil d’administration de GFRAS, SVCA, KEFAAS, Access Agriculture et aussi comme agri-consultante et agricultrice.

Tout a commencĂ© au milieu des annĂ©es 1980, lorsque j’étais employĂ© par le Gouvernement du Kenya au Ministère de l’Agriculture et du DĂ©veloppement de l’élevage en tant qu’agente chargĂ©e d’agriculture au second niveau (II). J’étais un nouveau diplĂ´mĂ© de l’UniversitĂ© de Nairobi Ă  l’époque. J’ai pu grandir et entretenir ma carrière au cours des annĂ©es au sein du Ministère jusqu’en 2016, quand j’ai pris ma retraite en tant que première femme Directrice des services de vulgarisation et de formation agricoles.

Je souhaite partager ma longue expĂ©rience de travail avec la communautĂ© agricole et d’autres parties prenantes dans la fourniture de services de vulgarisation et de conseil agricoles (SVCA), les dĂ©fis impliquĂ©s, les succès obtenus, les leçons apprises et mes rĂ©flexions / recommandations.

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Le Kenya, comme la plupart des pays d’Afrique en  voie de dĂ©veloppement, dĂ©pend fortement de l’agriculture en tant que pilier de l’Ă©conomie. Il contribue directement aux 25% du produit intĂ©rieur brut (PIB) et au 27% indirectement, 75% des matĂ©riaux industriels, 65% des exportations totales et emploie plus de 80% de la population rurale. L’agriculture kenyane est principalement menĂ©e par plus de cinq millions de petits agriculteurs, qui produisent plus de 60% de la production agricole totale. Ces statistiques plaident en faveur de la nĂ©cessitĂ© de doter les agriculteurs de technologies amĂ©liorĂ©es pour augmenter les niveaux de revenu de base, garantir une sĂ©curitĂ© alimentaire pĂ©renne et assurer le dĂ©veloppement agricole global.

Pendant la prĂ©-indĂ©pendance ou avant le dĂ©but des annĂ©es 60, les approches de SVCA Ă©taient principalement adaptĂ©es / forcĂ©es pour rĂ©pondre aux colons blancs et aux systèmes agricoles commerciaux. Il y avait des politiques bien conçues; des programmes qui garantissaient que le SVCA Ă©tait combinĂ© avec  la fourniture d’intrants et le crĂ©dit subventionnĂ©s; et Ă©laborer des systèmes de commercialisation pour assurer l’approvisionnement en produits des marchĂ©s europĂ©ens.

Après l’indĂ©pendance en 1963, nous avons adoptĂ© des approches et des mĂ©thodes de SVCA plus persuasives et Ă©ducatives qui ont Ă©tĂ© mises en Ĺ“uvre principalement par le biais de projets / programmes financĂ©s par des donateurs, complĂ©tĂ©s par des systèmes de recherche bien coordonnĂ©s.

Les approches étaient:

  • Centres de formation des agriculteurs (FTC)
  • Approche de vulgarisation Ă  l’Ă©chelle de l’exploitation (WFEA)
  • DĂ©veloppement agricole intĂ©grĂ© (IAD)
  • Système agricole (FS)
  • Formation et visite (T&V)
  • Extension des produits par les sociĂ©tĂ©s parapubliques et coopĂ©ratives
  • Approche par zone focale (FAA)
  • Approche des agriculteurs ayant des champs au sein des Ă©coles (FFSA)
  • Approche de groupe
  • Approche de visite individuelle Ă  la ferme (IFVA)
  • Approche du bassin versant

Ces approches Ă©taient en vogue jusqu’en 2000 lorsque d’autres approches sont venues Ă  bord, telles que :

  • Approche axĂ©e sur la demande
  • Approche orientĂ©e sur le marchĂ©
  • Approche du bureau d’information agricole (AIDA)
  • Approche agro-commerciale
  • Approche de la chaĂ®ne de valeur des produits agricoles
  • Extension Ă©lectronique
  • Extension multimĂ©dia et vidĂ©o

Urban agriculture with vertical farming during Field Day in Kenya

Il est important de noter que les approches antĂ©rieures Ă  l’an 2000 exigeaient beaucoup de main-d’Ĺ“uvre (la ratio personnel / agriculteur de 1 : 600), prenaient du temps et nĂ©cessitaient d’Ă©normes ressources financières.

 Les approches Ă©taient essentiellement descendantes et manquaient de participation et d’implication des parties prenantes concernĂ©es. Cependant, le lien entre la recherche et la vulgarisation Ă©tait très cohĂ©rent ; le système d’approvisionnement en intrants Ă©tait excellent; les marchĂ©s pour les produits Ă©taient assurĂ©s par des sociĂ©tĂ©s coopĂ©ratives et des conseils parapublics gouvernementaux qui s’occupaient de diverses cultures d’exportation et de cĂ©rĂ©ales. 

Ce modèle de fonctionnement a permis Ă  la production agricole de prospĂ©rer de façon exponentielle jusqu’Ă  la fin des annĂ©es 1980, lorsque le programme d’ajustement structurel (PAS) a rĂ©duit le recrutement des prestataires gouvernementaux de SVCA et la libĂ©ration du secteur agricole au dĂ©but des annĂ©es 90. La plupart des canaux de commercialisation sont tombĂ©s en panne (marketing par le biais des conseils d’Administration des parapublics). La plupart des systèmes des sociĂ©tĂ©s coopĂ©ratives ont Ă©tĂ© Ă©rodĂ©s. La performance nette de SVCA et du dĂ©veloppement de l’agriculture dans son ensemble a considĂ©rablement baissĂ©. Fondamentalement, cette baisse Ă©tait Ă©galement due au simple fait que sans marchĂ©s garantis, quelle que soit l’approche, les agriculteurs n’Ă©taient pas intĂ©ressĂ©s. Ces problèmes ont persistĂ© tout au long des annĂ©es 90.

En raison du scĂ©nario ci-dessus, la croissance agricole et Ă©conomique a Ă©tĂ© fortement affectĂ©e. La croissance Ă©conomique du pays a chutĂ© Ă  2% par an au dĂ©but de 2000. En 2002, le nouveau rĂ©gime gouvernemental a Ă©laborĂ© un plan pour relancer l’économie, baptisĂ© la stratĂ©gie de relance Ă©conomique pour la crĂ©ation de richesse (ERSWEC). Chaque ministère a Ă©tĂ© chargĂ© d’Ă©laborer une stratĂ©gie globale qui a conduit Ă  la crĂ©ation de «La stratĂ©gie de revitalisation de l’agriculture 2004-14» dans laquelle les services de vulgarisation et de conseil en agriculture (SVCA) ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s comme l’un des piliers fondamentaux nĂ©cessaires pour stimuler le dĂ©veloppement agricole. L’amĂ©lioration de la fourniture de services de recherche, de vulgarisation et de conseil; l’examen et l’harmonisation des cadres juridiques, rĂ©glementaires et institutionnels de l’agriculture; figuraient parmi les six interventions accĂ©lĂ©rĂ©es sĂ©lectionnĂ©es pour atteindre les objectifs envisagĂ©s.

En raison de la crĂ©ation d’un environnement favorable par le gouvernement, oĂą les agriculteurs ont Ă©tĂ© responsabilisĂ©s et motivĂ© par le personnel, la croissance agricole et Ă©conomique est passĂ©e Ă  7% par an en 2007. Le SVCA est redevenue dynamique et une fois de plus ayant Ă©tĂ© nommĂ© directrice de la vulgarisation et de la formation dans la mĂŞme annĂ©e; J’ai dĂ©fendu la formulation de la politique nationale de vulgarisation du secteur agricole (NASEP) qui a Ă©tĂ© promulguĂ©e par le prĂ©sident en 2012, la première en Afrique. De nombreux autres pays africains ont depuis emboĂ®tĂ© le pas.

Premier conseil d’Administration de KEFAAS. Membres du conseil d'administration et fondateur avec SVCA et le représentant du ministère de l'Agriculture.

L’essentiel de la politique Ă©tait :

  • Pluralisme et collaboration / mise en rĂ©seau avec d’autres acteurs de la vulgarisation qui Ă©taient principalement aux mains du gouvernement (90%).
  • La crĂ©ation de monisation de la fourniture de services de vulgarisation.
  • Services de vulgarisation pilotĂ©s par Enhemand.
  • Partenariat public-privĂ© (PPP).
  • CrĂ©ation d’un organisme de rĂ©glementation pour assurer l’assurance de la qualitĂ©.
  • d’un fonds fiduciaire de vulgarisation pour financer l’extension.
  • DĂ©veloppement des capacitĂ©s des prestataires de vulgarisation.
  • Lien Ă©troit entre la vulgarisation et les systèmes de recherche / innovation.
  • Modernisation des mĂ©thodologies / approches de vulgarisation.
  • Autonomisation des agriculteurs pour mettre en Ĺ“uvre des technologies de vulgarisation amĂ©liorĂ©es.
  • DĂ©veloppement de rĂ©seaux de systèmes d’information communautaires.
  • IntĂ©gration des questions transversales gĂ©nĂ©rales en particulier, le genre et la jeunesse dans la vulgarisation.

Une fois la politique mise en place, un cadre de mise en Ĺ“uvre a Ă©tĂ© créé pour actualiser les recommandations. La modernisation de CVSA  a dĂ©collĂ© et nous avons lancĂ© la vulgarisation en ligne en 2011 ainsi que divers outils pour la promouvoir. Ă€ la fin de 2012, les systèmes CVSA se portaient très bien et le gouvernement, en collaboration avec d’autres parties prenantes, ont adoptĂ©s une approche CVSA plus participative qui Ă©tait motivĂ©e par la demande, a introduit le PPP, a autonomisĂ© les agriculteurs, a mis en place des systèmes de commercialisation, a motivĂ© le personnel de vulgarisation agricole et encadrĂ© des jeunes dans des projets agricoles. Le CVSA a Ă©tĂ© financĂ© de manière adĂ©quate par le gouvernement et le secteur privĂ©. Des directives de vulgarisation ont Ă©galement Ă©tĂ© mises en place et un manuel de vulgarisation a Ă©tĂ© créé pour dĂ©crire ces directives.

En 2015, nous avons lancĂ© notre Forum national (KEFAAS), une cascade de RĂ©seau RĂ©gional AFAAS dont nous sommes membres. Cependant, malgrĂ© tous les succès accumulĂ©s au cours des 15 dernières annĂ©es, l’enfer s’est dĂ©chaĂ®nĂ© lorsque le CVSA a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© aux  47 comtĂ©s du gouvernement  en 2013 suite Ă   la promulgation de la nouvelle Constitution du Kenya en 2010. Ă€ ce jour, les CVSA dans plus de 75% des comtĂ©s ont Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©e et tous les progrès rĂ©alisĂ©s se sont Ă©rodĂ©s, mais le Forum national (FP) est dĂ©terminĂ© Ă  faire une diffĂ©rence.

Conclusion:

  • Les marchĂ©s et les systèmes de marketing sont les moteurs de CVSA.
  • Aucune approche unique de CVSA ne convient parfaitement Ă  toutes les prestations de services. Chaque pays devrait utiliser les approches les plus appropriĂ©es, durables et abordables.
  • Chaque pays / rĂ©gion doit utiliser une combinaison d’approches adaptĂ©es aux diffĂ©rents domaines, communautĂ©s et produits de base. Ils doivent ĂŞtre simples, abordables, applicables, axĂ©s sur la demande et orientĂ©s vers le marchĂ© pour qu’ils rĂ©ussissent.
  • Adoptez une politique d’extension pour guider la direction de l’extension. “Si vous ne savez pas oĂą vous allez, peu importe l’itinĂ©raire que vous empruntez”
  • Autonomiser les vulgarisateurs et les agriculteurs Ă  adopter une technologie amĂ©liorĂ©e. Le dĂ©veloppement des capacitĂ©s de tous les prestataires est indispensable.
  • Les marchĂ©s et le marketing sont les clĂ©s du succès des systèmes de vulgarisation et de conseil.
  • Financer le dĂ©veloppement des capacitĂ©s de CVSA.
  • Adopter les PPP pour l’harmonisation et le financement des CVSA mais en assurant la qualitĂ©.
  • Encadrer, guider et autonomiser les jeunes dans la vulgarisation et le dĂ©veloppement de l’agriculture. Ils sont l’avenir et connaissent les technologies modernes.
  • AmĂ©liorer un lien solide entre la recherche et les sources d’innovation.
  • Renforcez les plates-formes qui partagent les expĂ©riences, les connaissances et l’innovation.
  • Documenter les Ă©tudes de cas et disposer de systèmes de communication Ă©laborĂ©s Ă  partager.
  • Moderniser le CVSA grâce Ă  l’utilisation d’outils modernes, par exemple. Les applications informatiques, technologiques et d’information (ICT), vidĂ©os pĂ©dagogiques, etc. pour assurer une couverture complète des CVSA.
  • Renforcer les forums nationaux respectifs. Ce sont les piliers des rĂ©seaux rĂ©gionaux et mondiaux.

Juste mon expérience et mes pensées.